vendredi 1 juin 2012

Modèles féminins : Ellana Caldin, marchombre

Ce mois ci, place à un modèle féminin "de papier", une sacré bonne femme née sous la plume du regretté Pierre Bottero, j’ai nommé la grande Ellana Caldin.

Ellana, croquée par Jean-Louis Thouard

Dans un monde parallèle, Ellana, une fillette de cinq ans, est la seule rescapée d'une attaque d'un convoi de colons. Elle est recueillie par des "petits", pères adoptifs dont l'insouciance lui permet de vivre une enfance libre et aventureuse dans un pays isolé. Adolescente, Ellana décide de partir à la recherche de ses origines. Dans le pays violent de Gwendalavir, où règnent monstres et loi du plus fort, sa débrouillardise, son culot et surtout sa formidable agilité attirent vite l'attention de Sayanel et Jilano, maîtres "marchombres".

Etre marchombre en Gwendalavir c'est suivre une voie comparable à celle des budō japonais. Un marchombre est à la fois un acrobate, combattant, athlète et poète, Individualiste, il chérit sa liberté et reconnait seulement (et encore !) l'autorité de sa guilde :

« 10 rêves pour un marchombre:

Se glisser derrière l’ombre de la lune.
Rêver le vent.
Chevaucher la brume.
Découvrir la frontière absolue.
La franchir.
D’une phrase, lier la Terre aux étoiles.
Danser sur ce lien.
Capter la lumière.
Vivre l’ombre. »
Tendre vers l’harmonie. Toujours. "(Tiré de Ellana)
 
Pendant trois ans remplis d'émotions, de combats et de diverses péripéties dans le rude monde alavirien, Ellana suit l'enseignement de Jilano...
La brillante Ellana vole comme une flèche sur la voie des marchombres, alors que d'autres se contentent d'y ramper. Très vite, elle soutient la comparaison avec la mythique Ellundril Chariakin, marchombre qui chevauchait la brume et que la mort elle même ne put rattraper. Ellana, si douée et instransigeante, ne manque pas de se faire de sérieux ennemis. D'autant plus qu'elle pourrait bien être être concernée de près par une ancienne prophétie...
 
Même si ce ne sont pas des lectures très intellectuelles, j'adore dévorer de gros romans de fantasy et Ellana est mon personnage préféré. On la retrouve dans les trilogies de la Quête et des Mondes d’Ewilan, et du Pacte des marchombres.  Ellana est bien loin des stéréotypes féminins : farouchement indépendante, culottée, insolente et rebelle, elle ne s'embarrasse pas des conventions :

« - Quel âge as-tu ?
- 20 ans, mentit Ellana. Et toi ?
Le Marchombre tressaillit.
- Près du double. Suffisamment pour que tu me montre davantage de respect. Par exemple en me vouvoyant. Tu as compris ?
- Que tu avais 40 ans ? Oui. Le calcul n'était pas difficile. »
(tiré de Ellana/ L’envol)
 
Je trouve également intéressant qu’Ellana ne considère pas sa féminité comme un atout ou un handicap. Il est vrai qu'en Gwendalavir le sexisme n’a guère de place et on admet sans difficulté qu’une femme puisse être chargée de la protection d’un convoi… Ellana a un indéniable goût pour la bagarre, c’est très amusant de la voir rosser les nombreux malotrus bernés par sa jeunesse et son joli physique. Son caractère bien trempé n'empêche pas la jeune femme de tomber amoureuse et de devenir mère (dans un chapitre, elle remet d'ailleurs vertement à sa place un ami qui lui ordonne de se reposer durant sa grossesse...).

Pierre Bottero écrivait d'abord pour les adolescents et je pense qu'en bon prof des écoles il essayait de transmettre des valeurs d'égalité en proposant des personnages s'écartant des stéréotypes sexuels ou ethniques. En particulier, Ellana peut donner envie aux jeunes filles de s'intéresser aux arts martiaux (l'auteur expliquait comment l'aikido influençait sa façon d'écrire des scènes de combats) et plus globalement de ne pas se cantonner à des rôles passifs :

"Les journées qui s'écoulent, les gens que tu rencontres, les expériences auxquelles tu es confrontée forment ce qu'on appelle une vie. Ta vie. Et des vies, Lahira, tu n'en vivras qu'une. C'est à toi de la prendre en main, de lui donner les couleurs que tu aimes et la direction dont tu rêves. A toi et à personne d'autre." (tiré de Ellana, l'Envol)


J'espère réussir à vous donner envie de découvrir ces romans si vous ne les connaissiez pas encore (ils sont même réédités en livre de poche "adultes" histoire de garder une contenance dans le métro) . Ce qui est également chouette, c'est que l'univers de Bottero est un "multivers" composé de monde très différents ; si on peut lire chaque trilogie indépendamment, le tout forme un ensemble cohérent. L'auteur étant décédé accidentellement en 2009, nous ne connaîtrons jamais le dénouement des "âmes croisées" où la jeune Nawel promettait aussi d'être un personnage passionnant...  L'imagination de Pierre Bottero, son humour, sa sincérité et son écriture unique manquent à ses lecteurs :

La douleur infinie de celui qui reste
Comme un pâle reflet de l'infini voyage
Qui attend celui qui part. (Poème marchombre) 

3 commentaires:

  1. Merci pour ce portrait! Tu m'avais déjà conseillé Bottero, je vais vraiment me laisser tenter!

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  2. Il faut aimer le style, personnellement, tu auras compris que je suis fan :)

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  3. Moi j adore ses livres . C est un ami qui me les a fait decouvrir et j essaie d initié mes amis aussi mais ils n aiment pas lire alors je raconte brievement l histoire . J aimerai tellement qu un film sorte car c est une histoire passionnante .

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